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ChickenTrack 2024 : l'échéance de 2026 sera-t-elle respectée ?

News Section Icon Publié 19/03/2025

CIWF publie aujourd'hui la dernière édition de ChickenTrack, qui met en avant l'urgence d'accélérer la transition pour répondre aux critères du Better Chicken Commitments (BCC) d'ici l'échéance commune de 2026.

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Plus de 380 entreprises ont signé le BCC en Europe, dont 130 en France.

ChickenTrack 2024 évalue les progrès des 93 entreprises les plus influentes, sélectionnées en fonction de leur taille, de leur présence géographique et de leur empreinte sur le marché du poulet, dans 8 pays européens 

La France est une nouvelle fois le pays le plus largement représenté dans ChickenTrack, avec 31 entreprises françaises évaluées cette année, dans tous les secteurs de l’agroalimentaire.

ChickenTrack 2024 : chiffres clés

  • En Europe, sur les 93 entreprises évaluées, 64 ont publié un reporting sur leur transition
  • 31 entreprises françaises évaluées, dont 20 qui ont publié un reporting
  • 11 entreprises ont publié un reporting pour la première fois en 2024, notamment Big Mamma Group,  Les  3  Brasseurs, Galliance et OKay en Belgique
  • 7 producteurs évalués, dont 6 qui ont publié un reporting 
  • 8 pays inclus dans le rapport

Des progrès hétérogènes selon les critères

Lumière naturelle et enrichissements

Parmi les critères du BCC, ceux liés à l’amélioration de l’environnement des poulets  témoignent du plus fort taux de transition.

Cela s'explique notamment par les développements récents de cahiers des charges fournisseurs qui intègrent des améliorations liées à l'enrichissement et à l'apport de lumière naturelle :

  • 42,6% des volumes de poulet produits par Galliance et 61% de ceux produits par LDC sont conformes au critère lumière naturelle
  • 48,6% des volumes de poulet produits par Galliance et 60% de ceux produits par LDC sont conformes au critère enrichissement (perchoirs et substrats de picage)

Ces avancées se retrouvent dans les rapports de performance de l'aval :

  • 45% de conformité sur la lumière naturelle et 48% sur l'enrichissement pour Accor (périmètre Europe)
  • 46% de conformité sur la lumière naturelle et 43% sur l'enrichissement pour Burger King France
  • 90% de conformité sur ces deux critères pour Danone (périmètre Europe) et pour Eataly (périmètre Italie)

Toutefois, ces deux critères ne peuvent à eux seuls garantir un niveau de bien-être animal suffisant pour les poulets.

Densité et souches

Réduire la densité en élevage et arrêter d’élever des souches à croissance rapide est crucial pour changer la vie des poulets, et leur permettre de profiter pleinement de leur environnement. La baisse de la densité et l’usage de souches à croissance plus lente sont pourtant les critères affichant les taux de transition les plus bas :

  • Seules deux entreprises atteignent 100 % de conformité sur la densité d’élevage, dont une française, Schiever Distribution, grâce à son engagement fort pour le Label Rouge
  • Danone, Casino, Carrefour dépassent quant à elles les 40% de conformité pour le critère densité

Concernant le recours aux souches à croissance plus lente, rares sont les entreprises ayant réalisé des progrès significatifs. Parmi elles, deux françaises ouvrent la voie :

  • Monoprix (73% de conformité)
  • Schiever Distribution (100% de conformité)

D'autres entreprises ont également réalisé des progrès non négligeables : 

  • Auchan en France (35%) et en Pologne (32%)
  • Carrefour en France (43%) et en Pologne (48%)
  • Eataly en Italie (80%)

Malgré ces exemples encourageants, l'ensemble des entreprises reste à la traîne sur la densité et les souches.

Abattage

Le critère sur l'étourdissement fait aussi l'objet d'importantes disparités. Des progrès intéressants sont néanmoins à noter pour : 

  • Burger King en France (73%) et au Royaume-Uni (80%)
  • Fleury-Michon (50%)
  • Flunch en France (42%)
  • KFC en France (57,2%)
  • Sodebo (70%)

La transparence sur cet enjeu reste une priorité, 17 entreprises françaises n'ayant pas publié leur reporting sur l'abattage à ce jour.

La transition vers le BCC se joue au niveau de chaque maillon

Si les distributeurs français ont joué un rôle clé pour initier le changement, il est essentiel aujourd’hui que l’intégralité des acteurs de l’aval de la filière (transformation, restauration commerciale et collective, grossistes, distribution) assument leur responsabilité collective dans la transition. 

La transition vers le BCC doit s’intensifier et elle nécessite, pour cela, un engagement global de l’ensemble des maillons de la filière : 

  • Les producteurs doivent accepter de fournir du poulet BCC et mettre en place toutes les mesures pour atténuer le surcoût, notamment en optimisant la conduite d’élevage et la valorisation des coproduits. 
  • Les distributeurs, industriels et acteurs de la restauration doivent anticiper leur transition en définissant des feuilles de route précises, afin d’offrir de la visibilité aux producteurs et de leur permettre d’adapter leurs capacités de production. Ils doivent également optimiser l’utilisation de toutes les parties du poulet afin de limiter le surcoût lié aux changements de pratiques, et de limiter le déclassement de poulets BCC en poulet standard. 
  • Des contrats doivent être établis entre acheteurs et fournisseurs pour sécuriser des volumes de poulet BCC sur plusieurs années (3 à 5 ans), garantir la viabilité économique de la filière et éviter une rupture d’offre en 2026. 
La question de la contractualisation est au cœur de la transition, les acteurs de l’aval doivent prendre leurs responsabilités quant à leurs engagements, et travailler de concert avec leurs fournisseurs pour leur donner la visibilité nécessaire à la mise en place des critères du BCC. Sans action rapide de toutes les entreprises engagées, l’ambition initiale de transformation du marché restera incomplète, et l’accès à une offre BCC pour tous les consommateurs sera limité.

Lucille Bellegarde, Responsable des Affaires Agroalimentaires, France

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