De la viande de veaux laitiers élevés sous nourrice en expérimentation dans les enseignes Monoprix

Dans le cadre d’un projet déployé avec le soutien de Pour une Agriculture du Vivant, un acteur de la filière veau a mis en place une expérimentation annuelle pour l’année 2024 sur un nouveau mode de production : la conduite de veaux laitiers sous vaches nourrices. 

CIWF a mobilisé son réseau d’entreprises partenaires pour mettre en avant cette initiative à fort potentiel pour le bien-être des animaux, afin de trouver un débouché pour commercialiser la viande de veaux. L’enseigne Monoprix a répondu favorablement à cette proposition et a accepté de réaliser un test dans quelques magasins. Les produits issus de ce test seront commercialisés pendant deux semaines à partir du 1er octobre dans une dizaine de magasins Monoprix parisiens au sein du rayon boucherie traditionnelle.  

Genèse du projet

Le projet a démarré en février 2024 avec un groupe de 6 éleveurs de la Mayenne accompagnés et soutenus par le réseau CIVAM. Des éleveurs soucieux du devenir des veaux mâles et femelles (qui ne restaient pas sur l’exploitation pour renouveler le troupeau laitier) mettre à profit les réflexions déjà entamées au sein de leur groupe en participant à cette expérimentation d’élevage de veaux sous nourrices.  

25 veaux ont été engraissés au cours du printemps et de l’été 2024, dont 15 prévus pour le test en magasins Monoprix (les 10 autres veaux sont vendus en circuits courts). 

Les éleveurs ayant fixé eux-mêmes leur prix de vente, Monoprix leur garantit une juste rémunération. Cette activité complémentaire pour les éleveurs permet une meilleure valorisation par rapport au circuit classique (vente des veaux laitiers à 15 jours), en plus de valoriser les animaux à une échelle locale. 

Un mode d'élevage différenciant

En système conventionnel, la majorité des veaux de boucherie sont élevés en bâtiment sur un sol en caillebotis intégral, sans enrichissement et sans accès à l’extérieur. Ils sont nourris deux fois par jour à base de poudre de lait, et abattus à l’âge de 5-6 mois. Leur alimentation n'est pas adaptée à leurs besoins physiologiques et manque de fibres et de fer, ce qui confère à la viande une couleur blanche. Ce mode d’élevage ne permet pas de répondre aux besoins fondamentaux des veaux et donc d’assurer un niveau de bien-être animal satisfaisant. 

L’élevage des veaux laitiers sous nourrices tel que réalisé dans l’expérimentation consiste à placer 2 veaux sous 1 vache nourrice, dès la séparation mère-veau, et de les élever sur des prairies. Les nourrices sont soit des vaches prévues pour la réforme, soit des vaches présentant des problèmes de santé ou de conduite (mammites, boiteries, difficulté de traite, etc), ou des vaches ayant récemment vêlé avec un bon comportement maternel. Ce mode de production offre ainsi des perspectives intéressantes pour le bien-être des animaux, mais aussi pour celui des éleveurs :  

• Absence de cases individuelles pour les veaux 
• Contact veau-vache permanent  
• Accès à une alimentation de qualité riche en fibres et en fer (lait entier et herbe exclusivement), qui confère aux veaux une bonne santé  
• Valorisation des vaches de réforme ou des vaches ne pouvant être traites en prolongeant leur durée de vie 
• Gain de temps, une fois l’adoption du veau par la vache nourrice réussie et de confort de travail pour les éleveurs : pas de nourrissage des veaux, pas de paille et de fumier à faire dans des bâtiments 

En plus des conditions d’élevage différenciantes, l’expérimentation valorise une production à l’échelle locale en Mayenne. L’abattage a été réalisé à l’âge de 7 mois, après un transport de courte durée (moins de 2 heures) et un étourdissement systématique. Les veaux ayant bénéficié d’une alimentation riche en fibres et en fer, la viande produite est donc naturellement de couleur rosée. 

Une gestion durable des prairies

La conduite des animaux au pâturage a pu, chez certains éleveurs, être organisée en pâturage tournant, qui repose sur la division des prairies en parcelles de petites tailles et sur la rotation rapide des animaux de parcelle en parcelle. L’idée est d’optimiser la gestion de la ressource en herbe et de maximiser la pousse végétative. Cette conduite d’élevage permet d’améliorer la fertilité des prairies en restituant une partie de l’herbe ainsi que les bouses aux organismes vivant dans le sol. A leur tour, ils restitueront ensuite des éléments nutritifs essentiels à la croissance des plantes.  Ce mode de gestion augmente la production d’herbe et allonge les durées de pâturage des animaux. Les prairies sont en effet plus vigoureuses et peuvent ainsi se régénérer naturellement, sans intrant. 

L’absence de mécanisation limite l’impact environnemental en évitant de recourir aux énergies fossiles. Elle est également bénéfique pour le maintien de la biodiversité, tant pour la flore que pour la faune sauvage.  

Suite du projet

Les prochaines étapes du projet consisteront à réaliser une analyse technico-économique pour évaluer les performances de la démarche. Elle sera menée par le réseau CIVAM et évaluera notamment la croissance des veaux, les enjeux sanitaires, l’empreinte foncière et carbone de ce mode de production (via la réalisation d’une Analyse du Cycle de Vie), la rentabilité économique du système et la conformation des carcasses. 

Une seconde étude sur l’acceptabilité du consommateur sur la viande de veau rosé sera également conduite. 

Les résultats de ces deux études détermineront la poursuite éventuelle de l’expérimentation en 2025. 

Si vous souhaitez en savoir plus sur cette initiative, n’hésitez pas à nous contacter.