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Atténuer les impacts économiques et environnementaux est crucial pour améliorer le bien-être des poulets de chair.

News Section Icon Publié 02/07/2024

Au cours des six dernières années, de nombreuses entreprises se sont engagées à améliorer le bien-être des poulets de chair selon les critères de l'European Chicken Commitment (ECC), aussi appelé Better Chicken Commitment (BCC). La transition vers la production de poulet ECC n'est pas simple : elle nécessite des investissements et l'adhésion de toute la chaîne d'approvisionnement, ainsi que des consommateurs. La production de poulet ECC pose des défis économiques et environnementaux : les poulets ont besoin de plus d’aliment pour produire la même quantité de viande, de plus d'espace pour vivre, et mettent plus de temps à atteindre leur poids d’abattage. Il est essentiel de pouvoir atténuer ces difficultés pour améliorer concrètement le bien-être des poulets de chair, et il est désormais nécessaire d’adopter une attitude positive à l’égard de l’ECC pour dépasser les limitations de l'élevage conventionnel.

Un rapport récent commandé par l'Association des transformateurs de volaille et du commerce de la volaille dans les pays de l'UE (AVEC) a cherché à modéliser les coûts économiques et environnementaux de la production ECC. Toutefois, ce rapport ne prend pas en compte les bénéfices associés à ce mode de production – notamment une mortalité réduite, une diminution de l'utilisation des antibiotiques et une meilleure qualité de la viande, autant de bénéfices qui pourraient compenser certains des impacts économiques et environnementaux relevés.

L'ECC améliore le niveau de bien-être des poulets de chair en Europe. Ce nouveau mode de production peut avoir un impact sur les coûts et certains paramètres environnementaux, mais lorsqu'il est combiné à des stratégies d’atténuation – telles que la reformulation des recettes, l'utilisation complète des carcasses ou le développement de produits innovants – il peut être commercialement et environnementalement viable.

L’ECC, un nouveau cadre pour améliorer le bien-être des poulets de chair

Le bien-être des poulets dans les élevages conventionnels est compromis depuis longtemps. Les poulets de chair sont élevés pour leur croissance rapide, leur efficacité alimentaire et leur rendement en filets. Ils grandissent quatre fois plus vite qu'il y a 50 ans. Cette croissance anormalement rapide entraîne des problèmes de santé : mauvaise fonction immunitaire, malformations cardiaques, maladies inflammatoires, taux élevés de boiterie et de pododermatites. Ces oiseaux vivent dans des bâtiments à très forte densité et dépourvus d'enrichissement et de lumière naturelle. Ils passent la plupart de leur temps inactifs, assis sur la litière et incapables d’exprimer leurs comportements naturels comme se percher, picorer et chercher de la nourriture. Lors de l'abattage, une grande proportion de ces oiseaux sont étourdis par électronarcose dans un bain d'eau, à l’origine de stress et de souffrances supplémentaires.

En 2017, CIWF s'est associée à un groupe d'ONG européennes pour former une coalition autour d'une demande commune aux entreprises : le European Chicken Commitment.

En signant l'ECC, les entreprises s'engagent à adopter des normes de bien-être supérieures pour les poulets de chair dans leurs approvisionnements. Cela inclut l'utilisation de souches à croissance plus lente, une densité réduite, de la lumière naturelle, des perchoirs et substrats à picorer, et des méthodes d'abattage plus respectueuses.

Le besoin d’améliorer le bien-être des poulets de chair est soutenu par la recherche scientifique et l'opinion publique. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié en 2023 un avis scientifique important, appelant à un changement substantiel des systèmes de production pour mieux répondre aux besoins des poulets. Leurs recommandations couvrent toutes les exigences de l'ECC pour les critères en élevage (densité réduite, souches à croissance plus lente, enrichissement et lumière naturelle) et seront étudiées lors de la prochaine révision de la législation européenne sur le bien-être des animaux (notamment la Directive 2007/43/CE du Conseil sur le bien-être des poulets).

Les consommateurs sont également de plus en plus préoccupés par le bien-être animal, comme le montre le dernier Eurobaromètre d’octobre 2023, qui révèle que 84 % des Européens interrogés souhaitent une meilleure protection du bien-être des animaux d'élevage dans leur pays.

L'ECC propose ainsi un cadre pour les producteurs et les entreprises agroalimentaires à la fois pour améliorer le bien-être des poulets et répondre aux attentes des consommateurs, et également pour anticiper les changements législatifs potentiels dans l'UE.

Une transition en cours qui porte déjà ses fruits

Plus de 380 entreprises ont déjà signé l'ECC, et beaucoup d’entre elles travaillent activement pour mettre en œuvre les critères requis. Par exemple, le distributeur Carrefour a converti 52% de ses volumes de poulet frais en critères ECC ; l’enseigne M&S au Royaume-Uni propose quant à elle 100 % de poulet frais conforme à l'ECC, et est en voie de convertir son poulet transformé pour répondre à l'échéance de 2026. Plus de 50 entreprises évaluées dans notre dernier rapport européen ChickenTrack rapportent leurs progrès vers la mise en de l’ensemble des critères ECC.

En outre, plusieurs producteurs européens ont publié leurs engagements à fournir du poulet conforme à l'ECC (LDC, Plukon, 2 Sisters-Storteboom…) , et certains se sont engagés à convertir une partie voire toute leur production en ECC : Galliance, Fileni. Le producteur norvégien Norsk Kylling a quant à lui terminé sa transition vers l'ECC, sans pour autant augmenter les coûts associés ou l’impact sur l’environnement. Un tel changement est donc réalisable à grande échelle commerciale.

Atténuer l'augmentation des coûts de production et de l'impact environnemental

La transition vers l’ECC n'est pas simple et il y a bien sûr de nombreux défis externes – notamment la crise du pouvoir d’achat et la crise climatique. Elle entraîne généralement une augmentation des coûts de production, en raison de la réduction de densité (moins de poulets produits par bâtiments) et du changement de souches pour une croissante plus lente (nécessitant plus d'aliment pour produire la même quantité de viande et réduisant le nombre de cycles de production par an). Pour les mêmes raisons, l’impact environnemental peut être plus élevé. Cependant, ces impacts négatifs peuvent et doivent être atténués par un ajustement des pratiques.

L'étude récente commandée par AVEC et menée par ADAS a étudié les impacts économiques et environnementaux liés à l'adoption de l'ECC dans l'industrie. Bien qu'il soit important de modéliser ces impacts, il est très regrettable que le rapport n'ait pas pris en compte les stratégies de réduction des coûts ou les avantages plus larges qu'une transition vers l’ECC pourrait apporter, y compris pour la santé et le bien-être des animaux et des humains.

Stratégies de réduction des coûts

En excluant les phases reproduction et transformation post abattage, le rapport a négligé les domaines où les filières ECC peuvent être plus performantes que les filières conventionnelles (meilleure productivité, plus faible taux de saisies de carcasse et de déclassement du à une mauvaise qualité de viande et réduisant ainsi le gaspillage alimentaire). Les élevages de reproducteurs de souches ECC rapportent généralement des taux de mortalité beaucoup plus bas (bien que le rapport AVEC évoque un taux de mortalité 0,5 % inférieur pour les reproducteurs de souches ECC basé sur des « avis de l'industrie », la littérature scientifique rapporte une différence plus grande, jusqu'à 9 % inférieure).

L'augmentation des coûts de production doit être absorbée par l'ensemble des acteurs de la chaîne de valeur, et non seulement par les producteurs ou les consommateurs. En outre, considérer les périodes de transition est également crucial lors de la modélisation de l'impact économique de la transition vers l’ ECC. Deux aspects clés malheureusement laissés de côté dans le rapport AVEC.

Il est également regrettable que le rapport n'ait pas mentionné les diverses stratégies de réduction des coûts qui existent pour compenser une partie du surcoût associé à la production ECC, telles que la meilleure utilisation des carcasses, la reformulation des recettes et le développement de produits innovants.

Enfin, bien que l’ECC représente un investissement pour les entreprises signataires, ces dernières bénéficieront souvent d'une meilleure image de marque associée à une fidélité des consommateurs attachés au bien-être animal.

Atténuer l'impact environnemental

Le rapport AVEC a également étudié l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, de la consommation d'eau et de l'utilisation des terres associées à la production ECC. En revanche, il n’a pas reconnu certains des avantages environnementaux de ce nouveau système, tels que la réduction du gaspillage alimentaire (en raison d’une réduction de la mortalité et des défauts de qualité de viande), ainsi que la productivité plus élevée des reproducteurs.

Il est estimé que plus de 75 % de l'impact environnemental de la production de poulets de chair provient des activités liées à la production de leur alimentation, en particulier de l'utilisation des terres pour cultiver du soja non durable. Les souches de poulets à croissance plus lente ont besoin de plus d’aliment pour produire la même quantité de viande, car elles vivent plus longtemps et ont un indice de consommation moins efficient.  Cependant, elles ont l'avantage de nécessiter un régime alimentaire moins riche en protéines, ce qui permet de réduire la quantité de soja utilisée. Le rapport mentionne cet avantage, mais aurait dû le mettre davantage en avant.

Le rapport n'a également pas considéré les stratégies d'atténuation possibles pour réduire l'impact de l'ECC sur certains paramètres environnementaux. Par exemple, l'utilisation de sources de protéines locales alternatives dans l'alimentation, l’utilisation d'énergies renouvelables, une gestion efficace du fumier ou la recherche d’un meilleur équilibre carcasse pourraient réduire considérablement l'empreinte environnementale de la production ECC. Ces stratégies sont essentielles pour s’orienter vers un système de production respectueux à la fois du bien-être animal et de l'environnement, minimisant la nécessité de choisir entre les deux.

Enfin, les conclusions du rapport sur l'augmentation de l'utilisation des terres nécessaires pour maintenir les niveaux actuels de production de poulet selon l’ECC soulèvent des questions sur la durabilité de nos niveaux actuels de production et de consommation. Pour viser un modèle de production qui respecte le bien-être animal sans nuire à l'environnement, il est important de réduire la production et la consommation de poulet conventionnel.

Un modèle durable de production de poulets de chair

Le rapport de l'AVEC ne prend pas en compte une vision globale de la durabilité. Il se concentre sur les impacts à court terme d'une transition vers l’ECC en termes de coûts de production et de certains paramètres environnementaux, sans en mentionner les bénéfices à long terme, notamment pour la santé humaine. Ces avantages incluent une utilisation beaucoup plus faible d'antibiotiques (9 fois moins d'antibiotiques pour les élevages néerlandais de souches à croissance plus lente en 2022) et un risque réduit de maladies zoonotiques.

L'ECC représente non seulement un coût, mais aussi un investissement pour un avenir plus durable et éthique de la production de volaille en Europe. Le bien-être des millions de poulets de chair dont les entreprises sont responsables devrait être une priorité, en période de prospérité comme en période de crise. Continuons donc à travailler ensemble pour faire de l'ECC une réalité en Europe.

En savoir plus sur le Better Chicken Commitment.

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