L'EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) vient de publier un nouveau rapport sur le bien-être des poulets de chair en élevage. Celui-ci fournit une base scientifique pour soutenir la révision en cours de la législation européenne sur le bien-être animal, dans le cadre de la stratégie "De la ferme à la table" de la Commission européenne. L'avis scientifique comprend des recommandations sur la densité d’élevage, l'éclairage, la poussière, le bruit, la litière et les structures telles que les plateformes surélevées.
Le rapport "Le bien-être des poulets de chair en élevage" publié le 21 février présente une vue d'ensemble des dernières avancées scientifiques sur le bien-être des poulets de chair élevés dans les systèmes les plus courants dans l'Union européenne.
Les conclusions et les recommandations permettront d’alimenter les discussions autour de la révision de la législation européenne sur le bien-être des animaux, y compris la révision de l'actuelle "directive sur les poulets de chair" (directive 2007/43/CE du Conseil) établissant des règles pour la protection des poulets destinés à la production de viande.
La publication couvre le bien-être général des poussins d'un jour, des reproducteurs de poulets de chair et des poulets de chair (poulets élevés pour la viande) dans différents systèmes d'élevage. Le rapport identifie et décrit 19 conséquences très importantes des systèmes de production actuels sur le bien-être des poulets de chair, en fonction de leur gravité, de leur durée et de leur fréquence d'apparition. Il s'agit notamment des lésions osseuses et des troubles locomoteurs, du stress thermique, de l'incapacité à exprimer des comportements de confort et d'exploration du milieu, de la faim prolongée, de la restriction des mouvements et de l'incapacité à se reposer.
Principaux risques identifiés
Le rapport décrit les principaux risques en élevage à l’origine des conséquences identifiées en matière de bien-être animal, et met en évidence les mesures permettant de les prévenir, de les corriger ou de les atténuer, en insistant particulièrement sur le rôle de la génétique, de la densité et de la qualité de la litière.
Le rapport indique que la santé et le bien-être des poulets de chair dépendent fortement de la génétique, et qu'il convient donc de sélectionner des races présentant de meilleurs indicateurs de bien-être et de santé.
Le manque d’espace disponible a également été identifié comme un risque majeur. Le rapport stipule qu’au-delà d’une densité de 11kg/m², le score de pododermatite augmente, la capacité de locomotion diminue et l'expression des besoins comportementaux est altérée.
L'absence ou la mauvaise gestion de la litière, une gestion inadéquate de la lumière et du contrôle de la température ainsi que l'absence de structures surélevées ont également été identifiées comme des risques.
Le rapport introduit le concept d'"indicateurs iceberg", c'est-à-dire des mesures basées sur l'animal qui sont pertinentes pour plus d'une conséquence en matière de bien-être. Le rapport recommande que ces indicateurs clés, tels que les troubles de locomotion, l’état du plumage, le taux de mortalité, les brûlures du jarret et les pododermatites, soient inclus dans tout programme d'évaluation du bien-être.
Recommandations du rapport
L'avis de l’EFSA fournit un certain nombre de recommandations détaillées, notamment :
- Les oiseaux ne doivent jamais être logés dans des cages.
- Une densité d’élevage de 11 kg/m² doit être respectée afin de donner aux poulets de chair l'espace dont ils ont besoin pour exprimer leurs comportements naturels, se reposer correctement et rester en bonne santé.
- Le taux de croissance doit être limité à un maximum de 50 g/jour pour assurer une bonne santé et permettre aux poulets d’être actifs. Il convient d’élever des souches présentant de meilleurs résultats en termes de bien-être animal et de santé.
- Toute mutilation des oiseaux reproducteurs doit être évitée. Des mesures préventives doivent être mises en place pour éviter le recours aux mutilations.
- Les restrictions alimentaires chez les poussins d'un jour et les reproducteurs doivent être évitées en optant pour des souches et une gestion de l'alimentation appropriées.
- Une litière sèche et friable doit être fournie dès le premier jour. La qualité de la litière doit être contrôlée et maintenue en bon état, et de nouveaux matériaux doivent être apportés tout au long de la période d'élevage pour favoriser le confort et les comportements d'exploration et de recherche de nourriture.
- Des vérandas couvertes (ou jardins d'hiver) doivent être mis à la disposition des poulets de chair et des reproducteurs pour permettre aux oiseaux de choisir leur milieu de vie (températures, conditions de lumière et qualité de substrat) et pour favoriser les comportements de recherche de nourriture, d'exploration et de confort.
- Des perchoirs, des plateformes surélevées et des couveuses sombres doivent être mis à disposition pour créer des zones fonctionnelles et enrichir l'environnement des oiseaux.
- Des méthodes d'évaluation harmonisées doivent être mises en œuvre dans toute l'Europe pour évaluer plusieurs indicateurs de bien-être, tels que la mortalité en élevage, les blessures, les saisies de carcasses et les pododermatites chez les poulets de chair (lors de l'abattage).
Les recommandations de l'EFSA soutiennent le Better Chicken Commitment
CIWF salue ce nouveau rapport qui donne des preuves scientifiques solides supplémentaires à toutes nos recommandations clés sur le bien-être des poulets de chair et soutient les principales exigences de l’European Chicken Commitment (ECC).
L'élevage de souches à croissance plus lente présentant de meilleurs indicateurs de bien-être, la réduction de la densité, l'enrichissement de l'environnement (structures de perchage et substrats de picorage) sont autant de critères fondamentaux exigés par l’ECC, ainsi que les recommandations clés énoncées dans le rapport de l'EFSA.
Il est impératif que davantage d'acteurs de l'agroaglimentaire s’engagent à mettre en œuvre ces critères clés pour améliorer la vie des poulets de chair dans leur chaîne d'approvisionnement.
En savoir plus sur le European Chicken Commitment.