L’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) a publié le premier d’une série d’avis scientifiques sur le bien-être des animaux d’élevage dans le cadre de la stratégie de la Commission européenne « De la ferme à la fourchette ».
Le rapport « Bien-être des porcs en élevage », publié le 10 août dernier, présente un aperçu complet des dernières avancées scientifiques sur le bien-être des porcs dans les systèmes d’élevage les plus couramment rencontrés dans l’UE. Il sera utilisé pour soutenir la prochaine proposition législative de la Commission européenne (prévue pour 2023) pour la révision de la réglementation sur le bien-être animal.
Cette publication aborde le bien-être général des truies, cochettes, porcelets, porcs charcutiers et verrats dans différents systèmes d’élevage. La Commission européenne a également demandé d’inclure plus spécifiquement dans le mandat des critères pertinents pour l’Initiative Citoyenne Européenne « End The Cage Age » ainsi que la problématique de la caudophagie chez les porcs.
Cet avis d’experts identifie et décrit 16 conséquences importantes sur le bien-être des porcs en élevage, en fonction de leur gravité, leur durée et de la fréquence à laquelle elles se produisent. Celles-ci comprennent la restriction de mouvements, le stress de groupe, l’impossibilité d’effectuer des comportements d’exploration / de recherche de nourriture et les lésions des tissus mous. Les principaux dangers à l’origine de chacune d’entre elles sont décrits et les mesures visant à les prévenir, les corriger ou les atténuer sont mises en avant dans le rapport.
Les recommandations du rapport
Le rapport fournit plusieurs recommandations détaillées, en particulier :
- Les truies ne devraient pas être logées dans des cages ; que ce soit des cases individuelles de gestation ou des cages de mise-bas.
- Une transition réussie vers des systèmes de mise-bas liberté nécessite une taille de case minimale de 7,8m², comprenant au moins 6,6 m2 disponibles pour la truie et 1,2 m2 réservés aux porcelets ; des tailles de portées moyennes de 12 à 14 porcelets maximum ; ainsi que la formation du personnel.
- La caudophagie est un problème multifactoriel et sa prévention nécessite l’application de mesures spécifiques à chaque exploitation, basées sur une évaluation initiale des risques.
- Tous les porcs devraient bénéficier d’un enrichissement approprié. Pour réduire la caudophagie, un enrichissement efficace comprend des substrats organiques meubles tels que de la paille, du foin et de l’ensilage, fournis en quantités suffisantes pour éviter la compétition. Pour la construction de leur nid, les truies doivent disposer d’une couche profonde (au moins 5 cm) de matériaux à fibres plus longues comme de la paille, du foin et de l’ensilage à longue tige ou coupe longue.
- Les porcs devraient avoir accès à un minimum de sol plein, pour leur confort et pour permettre l’apport de litière. En plus des zones de fouissage et d’activité, les porcs devraient disposer d’au minimum 0,77 m2 de sol plein (pour un porc de 110 kg) pour se reposer confortablement.
- L’espace alloué aux porcs charcutiers devrait être supérieur à celui prévu par la réglementation actuelle. Par exemple, des espaces de 0,84m² et 1,10m² par porc de 110kg (vs 0,65m² actuellement) permettraient respectivement de réduire de 52% et de 83% les cas de caudophagie ; tout en ayant un impact minimal sur le taux de croissance.
- Des mesures devraient être prises pour éviter les mutilations. En particulier, la coupe des dents et la caudectomie ne devraient pas être réalisées.
- La castration chirurgicale ne devrait être réalisée que sous anesthésie et analgésie. Lorsque la castration ne peut être évitée, l’immuno-castration est la meilleure alternative commerciale.
- A l’abattoir, des mesures réalisées sur les animaux telles que l’évaluation des lésions et de l’état corporel doivent être conduites ; elles permettent d’identifier des problèmes de bien-être au niveau de l’élevage.
Se préparer à l'évolution de la législation
CIWF salue ce nouveau rapport de l’EFSA qui donne des preuves scientifiques solides supplémentaires à toutes nos recommandations clés sur le bien-être des porcs.
Nous encourageons les éleveurs de porcs et les entreprises à prendre en considération le plus grand nombre possible de ces recommandations et à les intégrer dans leurs politiques et plans d’amélioration continue du bien-être animal.
Cela permettra non seulement d’améliorer considérablement le bien-être animal dans leurs approvisionnements, mais aussi de préparer les entreprises à de probables évolutions réglementaires à venir sur la protection des porcs en Europe.