Pour la Journée Mondiale des Pieuvres (8 octobre), le dernier rapport de CIWF "Elevage des pieuvres : un désastre annoncé" dévoile les nombreuses raisons pour lesquels les projets de développement d'élevages de pieuvres doivent être stoppés.
Les pieuvres sauvages (issues de la pêche) sont consommées partout dans le monde. En Europe, l'Italie est le premier pays consommateur, avec près de 60 000 tonnes par an, suivi par l'Espagne et le Portugal. Récemment, la demande a fortement crû dans d’autres marchés, comme aux États-Unis et au Japon.
La diminution des populations sauvages a incité les chercheurs à travers le monde et principalement en Espagne à évaluer la faisabilité de l'élevage intensif de pieuvres, avec pour objectif la commercialisation de pieuvres issues de l'aquaculture en 2023.
L'élevage des pieuvres : cruel et non-durable
Les pieuvres sont des animaux solitaires, très intelligents, et physiquement fragiles, et par conséquent inadaptés aux conditions de l'élevage intensif. Par ailleurs, pour satisfaire leur régime alimentaire carnivore, la pêche de grandes quantités de poissons sauvage serait nécessaire, avec les conséquences que l'on connaît sur la biodiversité et l'environnement.
En outre, il n'existe actuellement aucune législation européenne ou nationale pour protéger les céphalopodes ou réglementer leur bien-être, de sorte que les pratiques d'élevage ne sont pas encadrées.
En publiant ce rapport, CIWF souhaite alerter les gouvernements, les responsables politiques et les acteurs influents de l'agroalimentaire sur les risques associés à l'élevage de pieuvres.
Les problématiques associées à l'élevage de pieuvres
- Les pieuvres sont des animaux solitaires, et supporteraient mal le confinement à des densités élevées associé à l'élevage intensif. Ces conditions augmentent le risque d'agressivité, de comportement territoriaux et peuvent mener au cannibalisme.
- La mortalité dans les essais d'élevage de pieuvres est particulièrement élevée : en Espagne, la mortalité en aquaculture est estimée à 20%, mais peut atteindre 50%
- Les pieuvres sont connues pour leur remarquable intelligence et, en raison de leur curiosité naturelle et de leur tendance à explorer, manipuler et contrôler leur environnement, elles seraient facilement sujettes à l'ennui et à la frustration dans un environnement d'élevage intensif en captivité.
- Les pieuvres n'ont pas de squelette interne ou externe pour les protéger, et leur peau est très fragile et facilement endommagée. Dans un environnement d'élevage, les pieuvres sont susceptibles d'être blessées, soit par un contact physique avec un manipulateur, soit par des interactions agressives avec d'autres pieuvres.
- Il n'existe actuellement aucune méthode d'abattage sans cruauté validée pour les pieuvres. Leur système nerveux étant complexe, il est très difficile de les tuer conformément aux exigences de l'abattage sans cruauté.
- Les pieuvres étant carnivores, dans un environnement d'élevage, elles seraient nourries de farine et d'huile de poisson (FMFO), ce qui ne ferait qu'accroître la pression sur les populations de poissons sauvages - dont 90 % sont propres à la consommation humaine. La pêche minotière est nuisible pour les communautés vulnérables et endommage nos océans.
La Directrice du Programme Alimentaire, Dr Tracey Jones a commenté : “Les pieuvres sont des créatures uniques, intelligentes et solitaires, et en tant que telles, fondamentalement inadaptées à l'élevage. Contrairement à d'autres systèmes d'élevage, l'élevage de pieuvres n'existe pas encore, et son développement doit être stoppé au plus tôt.
L'utilisation de farines et d'huiles de poisson issues de poissons sauvages pour ce nouveau type d'élevage viendrait aggraver encore l'impact écologique déjà conséquent de l'aquaculture industrielle, ce qui va à l'encontre des nouvelles "Orientations stratégiques pour le développement durable de l'aquaculture" adoptées par la Commission européenne en mai 2021. Nous demandons donc aux acteurs de la filière de mettre fin au développement de l'élevage de pieuvres, afin d'éviter des souffrances inutiles à ces animaux intelligents et complexes, et de prévenir de nouvelles dégradations environnementales."
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