Dimanche 18 juillet, à la veille du conseil de l’Union Européenne « Agriculture et pêche » au cours duquel la Commission a communiqué aux ministres des informations sur l'initiative citoyenne européenne "End the Cage Age", le ministre français de l’agriculture, Julien Denormandie, a fait deux annonces pour la France. Il s’agit de deux interdictions à partir du 1er janvier 2022 : l’interdiction d'éliminer les poussins mâles de un jour par broyage ou gazage et celle de la castration à vif des porcelets.
La fin de l'élimination des poussins mâles en France ?
Depuis des années, l’élimination des poussins mâles est vivement décriée par les citoyens et les ONG. Actuellement, 50 millions de poussins mâles sont broyés ou gazés chaque année en France. Dans la filière canard gras, selon la même logique, 30 millions de canetons femelles sont éliminés chaque année.
En janvier 2020, le prédécesseur de Julien Denormandie, Didier Guillaume, s'était déjà engagé sur l'interdiction d'éliminer les poussins mâles avant la fin de 2021. Julien Denormandie semble enfin vouloir mettre en pratique cette interdiction : « Le Conseil d’Etat sera saisi à la fin de l’été d’un projet de décret, qui imposera qu’au 1er janvier 2022 tous les couvoirs de poules devront avoir installé ou avoir commandé des machines permettant de détecter le sexe des poussins en incubation dans l’œuf, avant éclosion. Le texte précisera également que ces appareils devront obligatoirement être installés et mis en service dans le courant de l’année. »
CIWF se réjouit de cette annonce, et attend de voir un cadre législatif ambitieux. Des aides à l’investissement seront prévues pour accompagner les professionnels dans le cadre du plan France Relance.
Plusieurs entreprises françaises avaient déjà pris des engagements en faveur de l'arrêt de l'élimination des poussins mâles en 2020, notamment Carrefour, en partenariat avec Loué et AAT pour ses œufs Filières Qualité, mais aussi Cocorette et Poulehouse. Depuis juin 2021, la technologie de sexage in-ovo développée par Seleggt (Trophée de l'Innovation 2018) est disponible en France via le couvoir Novoponte.
Etant données les conclusions de travaux scientifiques réalisés sur la sensibilité embryonnaire, CIWF recommande une méthode de sexage le plus tôt possible, idéalement avant le 7ème jour (après incubation) pour l’encadrement législatif à long terme, et en tout cas avant le 14ème jour.
Interdiction de la castration "à vif" des porcelets
L’annonce du ministre n'est en réalité qu’un rappel d’une mesure déjà actée depuis février 2020 et qui entrera en vigueur en fin d’année. Elle rendrait obligatoire la prise en charge de la douleur lors de la castration.
Or, selon la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) et l'Association des Vétérinaires exerçant en Productions Organisées (AVPO), "aucune méthode de gestion de la douleur durant la chirurgie [castration] ne semble satisfaisante aujourd'hui, tant pour des raisons techniques, de stress ou de douleur pour l'animal, que de difficultés de mise en œuvre par les éleveurs" (20/03/2020).
La castration concerne aujourd'hui 70% des porcs mâles élevés en France (Inaporc). Pour CIWF, cette pratique doit être progressivement abandonnée au profit des alternatives existantes : l'élevage de mâles entiers et l'immunocastration, une pratique déjà largement déployée en Belgique. En élevage de mâles entiers, la part de carcasses odorantes peut être très fortement réduite en ajustant l'alimentation des porcs, les conditions d'élevage et en travaillant sur la sélection génétique.
Aujourd'hui, 85% des éleveurs de la coopérative Cooperl, premier producteur de porc français, ont désormais abandonné la castration. Les acteurs de la filière sont de plus en plus nombreux à s'engager pour l'arrêt de la castration physique : dix groupements de producteurs (Agrial, Eureden, Elpor, Evel'up, GRPPO, Porcineo, Porélia, Syproporcs, Porveo, Porc Armor Evolution) se sont ainsi engagés en 2020.